Saturday, March 10, 2007

Le Vase Brisé…

Une histoire Mauricienne très ancienne qui me fut racontée par Mimi, ma vieille nénène!

Il était une fois à Terre Rouge près de Arsenal au nord de Port Louis, vivait un potier. Il aimait tellement son métier. Tous les passants le voyaient touts les jours assis ou debout, les pieds et les mains constamment en mouvement fabriquant des vases en terre glaise à l’ombre du grand flamboyant qui lui servait de parasol.

Flamboyant

Après bien des années de travail, et sentant approcher sa fin, il s’appliquait de plus en plus a façonner des vases les uns encore plus beau que les autres. Les gens venaient de partout pour acheter ses vases.

Potier au metier

Cependant un beau matin au levé du soleil, par un rayon de lumière reflétait par la fleur de flamboyant rouge orangé a ses pieds, une idée lui passait dans l’esprit. Pourquoi ne pas abandonner la soif d’argent et la quantité de vases a fabriquer pour se concentrer sur la beauté et la qualité d’un vase qui ne serait jamais a vendre et dont il ne se séparerait jamais. Des vases, encore des vases, toujours des vases. Il en avait déjà fait, vu et vendu tant et tant de ces vases ! Avant de mourir il aimerait tellement en faire un très beau, le plus beau pour lui, pour lui seul. Il décidait donc d’arreter de faire tout autre vase bien décidé de mouler et de sculpter un vase qui un jour éclipserait tout les autres vases du passé!

Ce vase, cet unique vase plus beau que tout autre, plus il y pensait, mieux il le concevait. Il y a certains jours, il le voyait si clairement dans sa tête, devant lui qu’il croyait l’avoir déjà créé. Mon dieu, comme il le trouvait beau ! Mais quand il avancait les bras pour le toucher, la rude réalité lui rappelait bien vite qu’il lui fallait encore trouver le matériel idéal pour le façonner, le tourner, le sculpter, le cuire et finalement le contempler et l’admirer ce vase qui serait plus beau que tout autre.

Vivrait il assez longtemps pour le créer et le connaître ce vase ? Ce vase unique et, plus beau que tout autre, ce vase qu’il aimerait par-dessus tout et dont la création lui ouvrirait les portes de l’éternité ou son souvenir l’accompagnerait ?

Après avoir eu cette idée à travers ce rayon de soleil reflétait par la fleur rouge orangé du flamboyant, pendant quatre ans il tourna en rond dans son girond les yeux cloués au sol recherchant à ras de terre, cette pièce de terre glaise dont la couleur, la texture et même l’odeur l’aiderait à reconnaître la terre presque magique qui lui permettrait de réaliser son rêve et sa création. Ne trouvant rien de neuf ou de différent auprès de son humble case en tôle ou de simple brèdes garnissait si souvent son assiette, il décidait un jour de partir à l’aventure pour un pays lointain à la recherche de… ?

Humble case en tole



Un jour au loin et après bien des mois, tard dans la soirée, en marchant seul le long de la rive d’un fleuve au courant puissant, alors qu’il ne cherchait même plus ce morceau de terre magique, et qu’il n’y pensait presque plus à ce vase unique qui serait plus beau que tout autre; là, à la lueur rose orangé d’un rayon du soleil couchant, là tout au bord de l’eau, il fixa son regard sur ce morceau de terre glaise. Mon Dieu, comme il était beau dans tout son naturel et toute sa simplicité ! En sursaut son rêve se réveillait en lui et en un instant il retrouvait la vision de ce vase uniquement beau, tellement plus beau que tout autre.

Fleuve


En effet, en un seul instant ce morceau de terre se soulevait du sol trempé pour se transformer en ce vase plus beau que tout les autres. La vision renouvelée de ce magnifique vase faisait déjà palpiter son cœur alors qu’il se ruait vers ce morceau de terre sans âme pour le ramasser. Avec cette terre, il savait qu’il saurait et qu’il pourrait le mouler, le façonner, le sculpter et le créer ce vase qui chanterait la gloire de Dieu et de sa création toute entière. D’ailleurs, la couleur rouge vif de la terre semblait refléter la couleur de son propre cœur qui était soudain tout gonflé de foi, d’espoir et d’amour.

Il savait que cela ne serait pas facile de le façonner, ce vase. Cela demanderait beaucoup d’effort et de dextérité. Cela prendrait du temps, beaucoup de temps et de patience. Mais nourrit par un surcroît d’amour il arriverait bien à le façonner, le tourner, le sculpter, le cuire et le transformer ce morceau de terre glaise qui finirait par être un vase bien unique et plus beau, beaucoup plus beau que tout les autres. Aurait il, la patience, la force, le courage, le temps et surtout assez d’amour pour le compléter avant de mourrir afin de pouvoir le contempler pour toujours, en l’aimant et l’admirant chaque jour d’avantage ?

Il était bien confiant que Dieu l’aiderait.

Donc une fois ramassé, il tournait ce morceau de terre et il le retournait dans sa main laissant ces doigts le caresser avec amour et tendresse. Il fermait les yeux et voyait a nouveau la forme que le vase prendrait entre ses doigts avec soin et amour. La texture si douce, si palpable et combien malléable de ce morceau de terre humide lui rappelait son enfance alors que la vie sculptait sa propre personnalité. Ce bout de terre, il allait lui aussi le sculpter et lui donner une personnalité qui serait admiré par tous et pour toujours.

La viscosité, et même l’odeur subtile de cette terre baptisé par les eaux de la rivière confirmait qu’entre ses mains par et avec tout son cœur il arriverait a recréer la vision conçu dans son esprit pour être aimé de toute son âme. Aimer avec corps et âme et avec du temps, un jour il arriverait à créer a partir de cette terre glaise malléable et encore trempé quelque chose de durable et de vraiment solidement beau en la fortifiant au cœur des braises de filaos de ces fourneaux d’où elle sortirait toute renouvelée!

En effet, au départ et sans aucun doute c’était une pâte a modeler plus belle que toutes les autres. Une pâte comme il n’en avait jamais vu aux alentours de sa case en tôle a Arsenal près de Terre Rouge au nord de Port Louis. Et elle offrait tant de promesse pour lui permettre de réaliser son rêve. Rêvant en marchant il tripotait soigneusement cette pâte magique, celle qu’il avait tant cherché pendant si longtemps et qu’il ne pensait même plus jamais trouver !

Maintenant cette pâte dans sa main lui redonnait goût à son métier et à sa vie. Wow ! Cette pâte il fallait la surprotéger pour qu’elle ne perde pas ses belles qualités innées au bord, par, dans et avec l’eau du fleuve au courant puissant qui l’avait baptisé et formé. Il l’enferma dans un récipient hermétique et il se dépêcha de retourner avec elle dans son pays pour façonner sur le seuil de sa case en tôle ce vase, ce super, superbe vase a l’ombre du grand flamboyant au feuilles vertes et au fleurs rouge orangé qui lui servait de parasol naturel. Oui, ce vase il serait bien son dernier et son plus beau. Il savait que ce vase signé par lui serait son chant du cygne…

A suivre…

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